vendredi 25 novembre 2011

Préambule

Dimanche 28 Octobre 2007, TGV de 17 heures de Nantes pour Paris, arrêts Angers et Le Mans : c’est la première fois dans mon nouveau et probablement dernier job que je pars un dimanche après-midi. Sans doute pour provoquer le fonctionnaire qui lui a demandé rendez-vous, l’enquêté m’a fait une bonne blague en me proposant le lundi matin à 9 heures et demie à côté de Vélizy : c’est une des zones industrielles parisiennes les moins accessibles ; pour être à l’heure mieux vaut partir la veille…

Seuls les derniers TGV ont des prises de courant pour les micro-ordinateurs: j’ai pensé que c’était l’occasion en m’asseyant dans celui-ci, de commencer, à 5 ans de la retraite, la narration de mes expériences professionnelles. Je ne prétends pas jouer à l’écrivain, je n’ai pas connu d’événements qui font habituellement les sujets des bons romans. 

Aujourd’hui, la vie professionnelle tient de l’aventure : au moins pour certains d’entre nous, les expériences se succèdent sans que les liens paraissent évidents pour ceux qui ne sont pas directement impliqués. « Tiens, il a encore changé de boulot et il a fait déménager sa famille !» Le lecteur trouvera la justification, a posteriori c’est vrai, de tous ces changements : dans l’armée on se déplaçait, mais au moins on n’avait, si l’on peut dire, qu’un seul employeur, de la sortie de l’école jusqu’au moment où l’on recevait la balle définitive (ce qui fut le cas de deux des trois oncles de mon Père). 

Mon job à L’ Insee consiste à aller voir les entreprises pour les convaincre de transmettre les prix qu’ils pratiquent selon un processus élaboré en commun : globalement, ces prix donnent lieu au calcul d’un indice qui sert à suivre la croissance de l’économie en volume, indépendamment donc de l’inflation par les prix. Autrement dit, nous "déflatons" la croissance pour permettre de mesurer la croissance réelle. 

J’ai refusé de devenir fonctionnaire de l’Insee au moment des études, car je ne souhaitais pas avoir un parcours tout tracé. Je ne suis pas arrivé à ce poste d’enquêteur, non plus, sans raisons : j’écris aussi pour montrer que même si les étapes n’en était pas connues,  il n’y a pas de hasard dans cette vie professionnelle qui, comme pour beaucoup, a conditionné notre vie familiale.

Notre génération professionnelle, celle dite du baby boom, au lendemain de la deuxième guerre mondiale a été fortement marquée par l’informatique, les télécommunications et toutes les technologies associées.

Je fais volontairement référence à MICROSOFT et aux autres acteurs de l’informatique : ils sont arrivés à partir des les années 1970 ; tels IBM déjà auparavant et GOOGLE ensuite, ils auront une influence majeure sur nos vies professionnelles. Que seront-ils devenus quand on lira ces chapitres : les maîtres du monde ou disparus, intégrés et digérés par une start-up qui n’a pas encore été imaginée. Car tout va de plus en plus vite mais jusqu’à quand ?

Ma « carrière » se termine dans les fonctions où je l’ai commencée : les statistiques et plus particulièrement la collecte d’informations sur le terrain. « Carrière » est volontairement entre guillemets car je n’ai jamais voulu faire carrière dans le sens qu’on attribuait à ce mot dans les années 70 (1970, pas 1870) : on choisissait un métier et on essayait de progresser… jusqu’à la retraite, afin de maximiser la rente. C’est pourquoi c’est plus une juxtaposition d’expériences avec, tout de même... des liens logiques.